Parlons d’un sujet qui fâche dans le domaine médical, et particulièrement psychiatrique: la somatisation. Trop souvent est sous-tendu que le tableau clinique somatique, c’est « dans la tête ». Oui… Bon… C’est clairement le cerveau, mais quoi? Cela voudrait dire que c’est inventé? Reprenons quelques limites et bases.
Qu’est-ce que la somatisation?
Selon la définition du Larousse, la somatisation, c’est: Avoir une réponse physique, organique à un stress psychologique.
Selon le corps médical, la somatisation, c’est: Un processus inconscient visant à transférer, transformer des difficultés affectives en troubles somatiques fonctionnels: céphalées, migraines, dysphagie, rhumatismes, eczéma ou autre.
Si l’on recoupe la théorie et les faits, la somatisation, c’est une somme de symptômes constatés ou non par le biais médical, mais toujours caractérisés par des pensées envahissantes ou des préoccupations disproportionnées concernant ledit problème vécu par l’individu. Il y a une certitude chez le sujet, c’est qu’il y a une problématique de santé réelle et sérieuse. Tous les bilans du monde n’y changeront rien, puisque la souffrance est réelle dans sa vie.
Partant de ce postulat, nous sommes bien d’accord qu’il serait un peu trop facile d’affirmer que c’est inventé sous prétexte que les prises de sang, radio, écho, IRM ou autre ne révèlent rien. Si le sujet se plaint, c’est essentiel que le professionnel comprenne ce qui se joue.
D’où ça vient?
Quand la tête, la psyché, le mental, ont mal, il faut bien que ce soit entendu d’une manière ou d’une autre. On ne demande pas à quelqu’un qui s’est brisé la jambe de courir un 110m haies, alors pourquoi demanderait-on à quelqu’un ayant des souffrances somatiques de faire avec et d’avancer?
Plusieurs axes favoriseraient la somatisation. Parmi eux, entre autre:
- Un état dépressif ou des troubles de l’humeur avérés,
- Un Trouble Anxieux Généralisé (TAG)
- Un stress chronique
- Certaines phobies
- Un choc post-traumatique
- Un trouble de la personnalité pathologique (obsessionnel, dépendant, antisocial, narcissique, évitant, bipolaire, …)
- Un trouble affectif
- Une éducation refoulant l’émotionnel
- …
Abordons ensemble quelques symptômes pouvant être somatiques, et ce qu’ils peuvent indiquer. Attention, ce n’est absolument pas une science exacte et chaque aspect somatique doit être pris en charge dans le cadre d’une thérapie.
Le haut du corps
Maux de tête: Entêtement, obstination à maintenir un état admis pour n’être pas adapté au sujet. Si la douleur se maintient dans le temps, il peut y avoir de la peur ou une sensation de menace et d’insécurité dans la vie de l’individu. Quand la douleur vient à se transformer en migraine, les peurs sont probablement dues au passé et la vie actuelle fait écho aux anciens traumatismes.
Douleurs cervicales: L’envie et la réalité ne sont pas en adéquation. Si le mouvement de NON est impossible, le sujet s’interdit de refuser les choses de peur d’être rejeté ou « plus aimable ». Si le OUI n’est pas envisageable, le sujet est dans la résistance et a peur de s’exprimer.
Douleurs d’épaules: Les épaules sont hautes quand les tensions sont fortes. Il est possible que le sujet ressente de l’injustice ou la peur de perdre quelque chose / quelqu’un. Du fait, il enfonce sa tête dans les épaules pour se cacher et augmente les douleurs.
Sensation de pression dans la poitrine: Les poumons sont le siège de la tristesse. Le souffle court peut signifier une déception, un échec, une sensation de trahison. Une « boule au ventre » peut laisser entendre une inquiétude autour de conflits familiaux non réglés ou d’une jalousie inconsciente, ou une difficulté à se protéger du monde extérieur.
Mal d’estomac: C’est l’espace de digestion des évènements et des situations quotidiennes. Un estomac qui tire peut signifier un besoin de se nourrir émotionnellement pour se sécuriser (nourriture émotionnelle). Un ulcère ou des brûlures d’estomac peuvent refléter de grandes peurs et une nervosité intense.
Mal de dos (milieu du dos): Entre le cœur et les lombaires, cette zone travaille beaucoup la sphère émotionnelle liée à l’auto-protection, la charge que l’on porte, aux frustrations et à l’armure que l’on peut se monter pour lutter contre l’injustice vécue.
Mal d’intestins: Si les douleurs s’orientent vers l’intestin grêle, il peut y avoir un enjeu autour du bien/mal ou de jugements hâtifs. Le gros intestin va plutôt avoir tendance à appuyer la nécessiter de laisser circuler les choses et ne pas chercher à retenir à tous prix.
Le bas du corps
Mal de dos (bas du dos): Zone de soutien absolu du corps, les lombaires travaillent sur les insécurités au sens large. Il est question du soutien extérieur que l’on obtient, de la peur irrationnelle de manquer de quelque chose, de notre capacité de flexibilité face au monde et aux évènements.
Douleurs gynécologiques: Du côté de la vessie ou de l’utérus, on pourrait s’orienter sur un trouble familial, des relations conflictuelles. S’il apparaît des grosseurs ou fibromes, les notions de maternité ou de rapport au féminin sont blessées (IVG? GEU? choc sexuel? fausse couche?)
Douleurs de bassin: Symbole de séparation entre le haut du corps et le bas, c’est aussi et surtout ce qui le met en mouvement. Un blocage à ce niveau peut signifier que les besoins propres de l’individu sont négligés et qu’il faut reprendre le temps d’alimenter toutes les strates importantes de sa vie.
Douleurs urinaires: De la colère s’est cristallisée et a enflammé la sphère urinaire (cystite ou canaux urinaires inflammés). Si les attentes de vie ne sont pas comblées, elles peuvent déclencher de lourdes frustrations qui mènent à la déresponsabilisation de l’être, au profit des soins que les autres vont lui apporter.
Troubles de la libido: Si le trouble est du à une infection, il se peut qu’il soit question de culpabilité vis à vis de soi ou du conjoint. Est-ce que le sexe est un outil de pression dans le couple? Y a-t-il eu des abus par le passé? S’il est question d’un aspect plus psychique, quel est le rapport entretenu avec l’archétype de l’Homme ou de la Femme?
Mal de genou: Y aurait-il un conflit d’autorité? De l’entêtement? Une difficulté à déclencher des progrès ou des avancées?
Mal de cheville: Il demeure chez l’individu un sérieux besoin de stabilité, mais rien qui ne lui permette de l’obtenir, ce qui peut causer des entorses qui sont, elles-mêmes, des freins pour l’avancée vers un objectif clair.
Évidemment, tout ceci n’est qu’un axe de réflexion, et certainement pas un diagnostic. Il n’y a qu’un médecin ou un psychiatre pour établir un diagnostic.
Mais si ceci vous parle, n’hésitez pas à venir en parler en séance à mes côtés.