Le cheminement
Le cheminement

Le cheminement

Quand je me suis retrouvée sur le bord du chemin, je me suis doucement prise par la main. Lentement, j’ai chuchoté mon nom et souris.
J’étais bien là, mon bâton n’attendait que moi. Et je n’attendais que lui. J’ai pris une grande inspiration, puis j’ai fait ce premier pas dans cette existence qui était vraiment la mienne en assumant qu’elle ne serait jamais celle que les autres attendaient.
Et j’ai cheminé, progressé, encore et encore. Et j’ai appris à aimer les cailloux sous mes pieds.

Crédit photo: Chloé DAUMAL

Tout cela a demandé du temps, de la patience, beaucoup de douceur à mon égard, moi qui n’avais pas l’habitude de me dire que j’étais capable de lâcher la bride sans conséquence néfaste dans mon existence. Et là, rien qu’un bâton, juste un bout de bois, une béquille quelque part… Et je me retrouve à marcher sur un chemin que je pensais inexistant. Pire, je m’étais persuadée qu’il n’était pas pour moi.

Bien entendu, les cailloux me font mal encore, parfois. Et comme j’avance pieds nus, je suis plus sensible. La nudité de ma peau qui se confronte au tranchant de la pierre, c’est toujours difficile, douloureux, probablement épuisant. Et puis les questions s’amoncèlent sur le « serais-je encore capable de faire un pas de plus sans me faire mal? ». Quand je me suis engagée sur le sentier, je voulais aller mieux, sourire, me sentir légère. Et là, j’ai mal. Juste mal.

Mais j’ai envie de donner sa chance à mon bâton, mon tuteur, pour m’aider à grandir et pousser vers le haut. Pour me mener progressivement vers de nouvelles voies qui auront moins de gravillons, et plus de terre meuble. Pour me faire traverser les espaces piquants et inquiétant jusqu’à trouver l’autre côté du bois.

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